Le marché gris des montres d’occasion, en baisse, réajuste ses aiguilles

Depuis le tourbillon de spéculation de la dernière décennie, qui a vu des pièces horlogères comme la Nautilus de Patek Philippe ou la Royal Oak d’Audemars Piguet, atteindre des sommets vertigineux, le marché des montres de collection, dites de seconde main, connaît un réajustement nécessaire, rappelant aux passionnés et investisseurs que l’heure est plus que jamais à la passion avant la spéculation.

En 2023, la vente record d’une Patek Philippe « Sky Moon Tourbillon » à 5,5 millions d’euros chez Christie’s Hongkong a mis en lumière la rareté et la complexité extraordinaires qui continuent de susciter l’engouement des collectionneurs. Toutefois, Geoffroy Ader, expert horloger chez Artcurial, note une modération des prix depuis un an, malgré un intérêt indéniable pour les pièces de seconde main, notamment chez les plus jeunes.

Passion plus que spéculation

L’engouement pour des modèles emblématiques comme la Patek Philippe Nautilus, la Royal Oak d’Audemars Piguet ou les séries Cosmograph Daytona et Submariner de Rolex a produit un emballement de leurs cotes. Les investisseurs ont notamment été confortés par une étude du BCG qui, en 2020, projetait une croissance annuelle moyenne de 8% d’ici à 2025 pour les montres d’occasion. Davantage que pour l’industrie du luxe prise dans son ensemble, qui devrait atteindre 2 à 3% sur la même période d’après les analyses de Bain & Company. Cependant, l’actuelle décélération économique suite à l’augmentation des taux pour contrer l’inflation et le tassement de demande en Chine / Asie du Sud-est, locomotive de la hausee de ces dernières années, invitent à une approche plus mesurée, privilégiant l’achat guidé par la passion, selon Antoine De Macedo, horloger et spécialiste du vintage.

Chrono 24, le site leader sur les montres d’occasion

Pour les amateurs envisageant l’acquisition d’une montre de collection, l’authenticité et la rareté restent des critères primordiaux. Des plateformes spécialisées comme Watchfinder ou Chrono24 offrent désormais des garanties d’authenticité, renforçant la confiance dans le marché de seconde main. Rolex, entre autres, a initié un programme d’authentification pour ses modèles d’occasion, reflétant une tendance croissante à la certification par les marques elles-mêmes.

Plus anciennes, plus petites

La récente correction des prix, notamment pour les modèles récents ayant connu une flambée artificielle, souligne l’importance d’une approche prudente et passionnée. Nicolas Amsellem, des Rhabilleurs, évoque un ajustement sain, particulièrement pour les vraies montres de collection antérieures à 1990, qui continuent de résister aux turbulences du marché. Ces modèles de nouveau en vogue présentent certaines similitudes : des bracelets plutôt cuir qu’acier, des tailles de boîtier réduites, en dessous des 40mm pour les hommes, et des matériaux plus précieux comme l’or. Comme pour le textile, nous sommes en face de cycles.

Cette période de réajustement offre une opportunité pour les collectionneurs de redécouvrir le plaisir de l’horlogerie sans le filtre de la spéculation. Comme le rappelle un adage bien connu des aficionados : « On n’investit pas dans les montres, on les collectionne ». Et si vous souhaitez tout de même associer passion et rentabilité de votre investissement, nous vous invitons à consulter le classement Sudial50, qui agrège les tendances sur les 30 montres les plus vendues sur le marché gris. De quoi prendre du recul.