La célèbre maison de joaillerie française Van Cleef & Arpels célèbre sa longue et riche relation avec le Japon à travers une exposition dans sa Galerie du Patrimoine, située sur la prestigieuse place Vendôme à Paris. L’exposition, qui se tient jusqu’au 15 juin, explore l’influence profonde de la culture japonaise sur les créations de la marque depuis le milieu du XIXe siècle, une période marquée par une fascination occidentale croissante pour les arts et l’artisanat du pays du Soleil Levant.
Cette fascination pour le Japon, déclenchée par l’ouverture du pays au monde extérieur, a captivé l’Europe à travers un engouement pour les objets exotiques japonais. Les Parisiens de l’époque, comme en témoigne le roman « Au Bonheur des Dames », étaient particulièrement épris de cette culture lointaine, caractérisée par des pagodes, des dragons, et des motifs floraux uniques, souvent réalisés dans des matériaux inédits en Occident.
Une lente intégration dans la joaillerie occidentale
L’influence du Japon sur les beaux-arts et les arts appliqués en Europe a été significative, même si plus lente dans la joaillerie que dans d’autres secteurs, en partie parce que la tradition japonaise ne mettait pas l’accent sur les bijoux. Au lieu de cela, la sophistication résidait dans les chignons ornés, les vêtements luxueux, et les obis (les ceintures utilisées pour fermer les vêtements traditionnels comme le célèbre kimono). On en profite d’ailleurs pour saluer le travail fusion sur les kimonos de la marque parisienne Baucis.
L’exposition à la Galerie du Patrimoine présente trente pièces emblématiques, réalisées entre 1923 et 2012, issues de la collection patrimoniale de Van Cleef & Arpels. Elle est complétée par des documents d’archives précieux. Parmi les pièces exposées, une horloge de table de 1957 attire particulièrement l’attention, avec un couple de femmes en kimono sculpté dans du cristal de roche. D’autres pièces, comme le clip Morita inspiré des statuettes « dogu » et un bracelet de 1945 évoquant la structure des paravents japonais, démontrent la manière dont les motifs et les esthétiques japonais ont été intégrés dans le design de la joaillerie occidentale.
Chercher l’excellence dans l’artisanat local
L’exposition souligne également les collaborations artistiques entre Van Cleef & Arpels et des artisans japonais. Depuis 2004, la maison a donné carte blanche à Hakose San pour créer des décors sur les clips papillons, un motif emblématique de la marque depuis 1906. Plus récemment, le talent de l’artiste Kunihiko Moriguchi, un maître de la peinture traditionnelle japonaise et de la teinture sur textile, a été sollicité pour la création de deux boîtes précieuses, évoquant les motifs des kimonos d’apparat.
Cette exposition ne se contente pas de mettre en lumière les pièces exquises de la maison de joaillerie ; elle célèbre également un pont culturel entre l’Occident et l’Orient, enrichi par trois siècles de savoir-faire et de fascination mutuelle. Elle démontre comment Van Cleef & Arpels a su intégrer avec finesse et respect les éléments de la culture japonaise dans ses créations, rendant hommage à un pays qui continue d’inspirer et d’émerveiller.