Alors que JR refait parler de lui en sortant un documentaire sur une prison californienne, revenons en 2019, année où la Maison Européenne de la photographie lui consacrait une monographie événement. JR revenait alors sur son oeuvre avec des installations inédites et ludiques pour le grand public.
LA FIÈVRE URBAINE
JR est un homme des villes. Il a commencé son parcours artistique en photographiant ses amis graffeurs de la capitale. Les murs resteront ensuite son support favori, toujours avec la photographie comme médium, exploitée sous la forme de collages géants. Avec JR, l’art envahit la ville de manière massive en atteignant son paroxysme avec la série « Géants ». Réalisée à l’occasion des jeux olympiques de Rio au Brésil, elle met en scène des photographies d’athlètes imprimées sur des tissus et posées sur des échafaudages immenses pour donner l’illusion de la 3D. Son projet le plus fou, de l’avis de l’artiste, pour être à la hauteur de cet événement planétaire.
UN ARTISTE ENGAGÉ
En 2014, JR frappe un grand coup en mobilisant une entreprise maritime et des dockers autour du projet « Women are heroes ». Hommage aux femmes, il alerte sur leur statut de premières victimes d’exactions en temps de guerre. Le projet se traduit par la création d’une gigantesque oeuvre d’art sur un porte-conteneurs de 363 mètres de long au départ du port du Havre. Cette oeuvre est un collage étalé sur plus de 180 conteneurs montrant les yeux d’une jeune kenyane photographiée en 2009 dans le bidonville de Kibera. Une manière d’exposer l’art à un nombre maximal de personnes, et non pas seulement à un cercle d’initiée, un des grands objectifs poursuivi par JR. Afin de rendre l’oeuvre plus ludique, un bateau miniature a été installé où des grues automatiques posent des conteneurs au fur à mesure pour former le collage final.
La MEP n’avait pas oublié pas les projets hexagonaux de JR avec le désormais célèbre « les chroniques de Clichy-Montfermeil » : une fresque monumentale représentant plus de 800 habitants des deux villes. Une autre manière de représenter la banlieue dans sa diversité qui a récemment fait l’objet d’un documentaire. Signe de la reconnaissance institutionnelle, l’oeuvre avait été inaugurée par le président de la république François Hollande en avril 2017.
JR, tout le monde l’a vu passé sur les réseaux sociaux, mais qui connaît vraiment l’étendue de son oeuvre ? La monographie que la MEP lui avait consacré y répondait efficacement. « Je possède la plus grande galerie d’art au monde : les murs du monde entier » expliquait l’artiste. Il s’agissait aussi de la limite de cette exposition « Momentum, la mécanique de l’épreuve », fortement contrainte par la disposition étriquée des lieux, qui obligeait parfois à une longue attente pour certaines installations, et qui pouvait entrer en contradictions avec les formats démesurés de l’artiste ayant fait sa renommée.